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Jeu et tricherie à la période moderne

Journée d’étude “Jeu et tricherie à la période moderne / Gambling and cheating in the early modern period”
13 septembre 2019
Maison de la recherche, Sorbonne Université (Unité VALE)

Dans The Memoirs of Barry Lyndon, Esq. (1848), Thackeray livre le portrait d’un jeune homme dont la fortune se construit en partie grâce au jeu : assisté par son oncle, Barry écume les salles et les salons de jeu en Europe, et les succès qu’il y rencontre ne sont pas uniquement financiers. Dans la scène centrale de l’adaptation signée par Stanley Kubrick, la séduction de la riche Lady Lyndon se déroule autour d’une table de jeu, emblème du fragile château de cartes sur lequel repose sa fortune – le premier titre du roman de Thackeray était au demeurant The Luck of Barry Lyndon. Si le roman – et plus tard, le cinéma – dramatisent la figure du joueur ainsi que l’habileté pernicieuse sur laquelle elle repose, c’est aussi qu’ils se fondent sur une réalité historique, documentée dans les traités comme dans les descriptions de jeux.

Dès le XVIIe siècle, le Compleat Gamester (1678) de Charles Cotton, manuel très souvent réimprimé ensuite, témoigne ainsi déjà de la fièvre du jeu, notamment du jeu d’argent, dans les Îles britanniques, ce que nous disaient déjà bien plus tôt d’une autre façon la représentation des jeux ou du pari dans l’œuvre de William Shakespeare comme celle du jeu dans The Gamester (1637) de James Shirley. Ce que montrent aussi toutes ces représentations et ces discours, c’est que le jeu et les jeux s’affranchissent progressivement des discours moraux et religieux qui les associaient encore, au début du siècle, à des pratiques illicites, voire pernicieuses, pour devenir une question sociale.

Dans le cadre d’un séminaire régulier consacré au jeu à l’époque de la première modernité, cette journée d’étude se concentrera plus particulièrement sur les formes de jeux d’argent (gambling) ainsi que sur le mensonge, la tricherie et autres artifices (cheating) qu’ils suscitent, sans oublier les fortunes, dettes ou duels qui en résultent. On s’intéressera non seulement à la figure du joueur sous toutes ses formes, à son rôle social comme dans les textes ou sur la scène, mais à la dynamique du jeu et à son envers, l’escroquerie, aux différentes formes de jeux comme à leur perception et à leur représentation. On pourra se demander si, à l’occasion, le jeu d’argent n’en vient pas, comme dans Barry Lyndon, à incarner le fonctionnement économique et social d’un monde en perpétuelle transformation. Si les travaux de cette journée d’étude porteront avant tout sur le monde anglophone, envisagé en moyenne durée (de la fin du XVIe au long XVIIIe siècle), la comparaison avec d’autres aires culturelles sera aussi la bienvenue, ce qui permettra de percevoir l’évolution du discours et du regard sur le jeu et les jeux, ainsi que les contours de ces notions et les décalages qui apparaissent (jeu traduit-il « game » ou « play » ; « gambling » est-il pari ou jeu d’argent ; etc. ?).

Les communications dureront 30 minutes maximum et aborderont tous les aspects des rapports entre gambling et cheating à l’époque de la première modernité.

Les propositions de communication devront être adressées à Line Cottegnies (line.cottegnies@paris-sorbonne.fr) et Alexis Tadié ( Alexis.Tadie@paris-sorbonne.fr) avant le 31 mars 2019.

Source : Line Cottegnies